Trek de Poon-Hill: quand on s’est perdu dans la montagne au Népal
On vous raconte notre très beau trek dans le massif de l’Annapurna et une petite mésaventure qui n’est venu qu’enrichir notre expérience au Népal.
Le massif de l’Annapurna qui nous fait toujours rêver, est réputé pour ses paysages magnifiques et un vaste choix d’itinéraires de randonnée. Les plus courageux peuvent choisir de faire le tours de l’Annapurna – un circuit de presque trois semaines – ou de partir vers l’Annapurna Base Camp – une excellente alternative au trop très célèbre Everest Base Camp.
En ce qui nous concerne, notre choix s’est porté sur le circuit beaucoup plus simple de Ghorapani – Poon-Hill: une boucle de 5 jours avec quelques heures de marche par jour. Juste assez pour en prendre plein les yeux.
C’est à Pokhara, au pied du massif, qu’on organise notre petite balade. On y reste à peine deux jours, juste le temps de faire quelques courses et d’obtenir nos permis.
Jour 1 – de Naya Pul à Ulleri
Le jour du départ on saute à sept heures du matin dans un taxi qui nous dépose à Naya Pul, le point de départ du trek à un peu plus d’une heure de route. Après quelques minutes de marche on passe le point de contrôle à Birethanti et le trek peut officiellement commencer.
Le début est dur. Les trois premières heures le trajet est pénible et sans intérêt. La route monte souvent en pentes raides sous un soleil de plomb qui nous fait presque regretter notre choix.
Heureusement au bout de trois heures la route s’arrête et on atteint le village de Tikhedunga, où un grand nombre de randonneurs s’arrête pour la nuit. Mais il est encore tôt et on sait que deux heures de plus et quelques trois milles marches à monter nous séparent du prochain village. Alors on décide de tout faire d’un coup et de nous débarrasser une bonne fois pour toutes de la partie la plus difficile.
La montée est rude, nous forçant à nous arrêter souvent pour reprendre notre souffle. Ces trois milles marches nous font monter de 520m d’un coup, c’est plus haut que la Tour Eiffel et l’Arc de Triomphe réunis!
À Ulleri on prend une chambre à 100RN (0,80€) dans une auberge avec vue sur l’entrée du village. On s’amuse à regarder par la fenêtre les autres randonneurs arriver au compte- gouttes, tous épuisés et soulagés. Notre lodge se remplit très vite après nous, l’ambiance est joyeuse, tout le monde est content d’avoir fini cette étape et très optimiste pour le lendemain.
Jour 2 – sous la pluie jusqu’à Ghorepani
Le beau soleil qui nous a réveillé le matin ne laissait rien entrevoir de la journée difficile qui nous attendait. Après un départ tranquille et agréable les nuages font leur apparition et très vite la pluie se met à tomber. On range en vitesse l’appareil photo et on sort les vestes imperméables en espérant que ce ne sera pas long. De toute façon on n’a pas le choix, il faut qu’on avance!
Mais presque 2h plus tard la pluie fine et agaçante tombe toujours et commence à nous geler les os. C’est alors qu’on aperçoit comme dans un mirage, un restaurant qui nous ouvre grand les bras en plein milieu de la forêt! A peine le temps de parcourir les quelques mètres qui nous séparent du restaurant et la pluie s’intensifie pour se transformer en un vrai déluge! On se dit que dans notre malheur on a quand même eu la chance de trouver un abri au bon moment!
Lorsqu’on arrive finalement à Ghorepani quelques heures plus tard on a froid et nos muscles gelés ont du mal à réagir. Notre projet d’aller voir le coucher de soleil sur Poon-Hill, avec vue sur le massif de l’Annapurna, étant tombé à l’eau (littéralement!), on passe le restant de la journée emmitouflé dans les duvets à essayer de se réchauffer les os.
Jour 3 – il pleut encore!
La plupart des randonneurs se lève à l’aube pour aller voir le lever du soleil au sommet de Poon-Hill. Mais on se dit que, vu le temps qu’il fait, le lever du soleil représente beaucoup trop d’effort pour un résultat incertain. La montée de Poon-Hill, c’est presque 1h de marche en pente raide pour atteindre le sommet 500 m plus haut. Entamer une telle montée sans être sûr de ce qu’on va trouver n’est pas très motivant. Alors on reste au lit!
Ce n’est que plus tard dans la matinée qu’on attaque la montée de Poon-Hill. Arrivés en haut c’est sans surprise qu’on constate qu’on n’y voit rien! Toutes les merveilleuses montagnes supposées se trouver devant nous sont couvertes par des nuages.
On reste quand même là haut près d’une heure à admirer le grand rien devant nous avant de redescendre vers l’auberge. Notre prochaine étape dure cinq heures et on n’a pas vraiment envie de repartir, on décide de faire le circuit en 6 jours au lieu des 5 prévus. On passe le restant de la journée à lire, à écrire et à admirer la pluie qui s’est remise à tomber…
Jour 4 – lever du soleil sur Poon-Hill
Réveil forcé à 4h30 par le bruit de nos voisins qui se préparaient à aller voir le lever du soleil sur Poon-Hill. En regardant par la fenêtre on voit un ciel étoilé limpide, sans un nuage à l’horizon et éclairé par une grosse lune bien ronde. Impossible de rater le lever du soleil cette fois!
On se lève en vitesse et on entame nous aussi la montée. Au loin des dizaines de petites lampes brillent déjà en avançant dans le noir. Cette fois notre motivation est forte, par moment on voit déjà le sommet blanc d’une des montagnes, illuminé par la lune. On fonce, on a des ailes aux pieds, les jambes légères. On dépasse rapidement les groupes qui avancent lentement à la queue-leu-leu derrière leurs guides et 50 min plus tard on est en haut (la veille il nous avait fallu 1h15!). Le soleil commence déjà à donner à l’horizon cette couleur orangée incroyable.
En haut il y a déjà du monde, devant nous se dresse toute cette chaîne de montagnes blanches derrière laquelle le soleil se prépare à se lever. On ne sait pas de quel côté regarder alors on regarde de tous les côtés. Il y a du monde partout et c’est assez difficile de prendre des photos, mais le paysage est magnifique, il vaut vraiment tous les efforts fournis pour atteindre le sommet de Poon-Hill.
Juste après le lever du soleil le plateau se vide rapidement. Nous on reste encore un moment, pas pressés du tout de partir en laissant derrière nous ce paysage.
Ghorepani à Tadapani – 5 heures de pur bonheur
Le temps de redescendre, de ranger nos affaires et de prendre un petit déjeuner et nous voilà repartis. On pensait entamer une descente tranquille vers Tadapani, mais le chemin commence tout de suite par des marches menant au sommet du mont juste en face de Poon-Hill. Une heure trente de pentes raides ! Heureusement le paysage est presque aussi magnifique que sur Poon-Hill, on y voit encore les montagnes, même si une partie est déjà couverte par des nuages. On s’arrête souvent pour prendre des photos et admirer le paysage.
Finalement on entame la descente qui n’a en réalité, rien de tranquille : 2h de marches et pentes raides, mais sans aucun doute le plus joli tronçon de tout ce trek (mis à part la vue du haut de Poon Hill, bien sûr!). On longe une rivière qui descend la montagne en une succession de petites cascades qui rendent le paysage presque bucolique. Des parois très hautes se lèvent des deux côtés du chemin formant un canyon profond où l’air y est très frais. Sans aucun doute, le trajet le plus agréable que nous ayons effectué.
Le chemin est tellement agréable qu’on s’arrête souvent pour prendre des photos, se reposer, ou simplement admirer le paysage. On a aussi longuement discuté avec un monsieur thaïlandais très fier de son roi, qui nous a offert une pièce de monnaie de Thaïlande (la « terre du sourire ») et qui nous a fortement incité à aller visiter son pays. C’est prévu!
Jour 5 – le jour où on s’est perdu
On se réveille à Tadapani. En sortant de la chambre le matin du cinquième jour on découvre les énormes montagnes blanches en toile de fond. Lors de notre arrivée la veille les nuages les couvraient déjà. Quel chance de pouvoir prendre notre petit déjeuner tranquillement au soleil en admirant l’incroyable paysage qui s’étend devant nous. Que c’est bon d’être au calme !
Mais il faut bien repartir, alors on entame nos 3 petites heures de marche vers Ghandruk, notre destination du jour.
Le chemin s’enfonce immédiatement dans la forêt. La descente est facile et on sait qu’au bout de 45mn on doit croiser un premier village avant de marcher deux petites heures de plus pour atteindre Ghandruk.
On marche tranquillement et on papote allègrement quand on se rend compte, au bout d’une heure, que l’on n’a toujours pas atteint le premier village… Quand finalement un village apparaît, après 1h30 de marche on sait très bien que l’on n’est pas au bon endroit, on est perdu!
Une demi-douzaine de maisons éparpillées sur le flanc de la montagne et pas une âme en vue! Le paysage est magnifique, en face, des montagnes vertes avec des petits villages et des plantations en étages, au fond, les montagnes blanches (encore elles!) et tout en bas, au fond de la vallée, une belle rivière forme comme une route blanche et sinueuse. L’endroit est magnifique, mais ce n’est pas le bon endroit, on est perdu et désemparé !!
À cause des pluies des derniers jours il a été parfois difficile de discerner le chemin des gouttières formées par les eaux de pluie. C’est sans doute lors d’un de ces moments qu’on a pris la mauvaise direction.
La seule route qui s’ouvre devant nous longe une école et on doit vraiment avoir l’air perdu parce que l’un des professeurs quitte sa salle de cours pour venir nous parler par dessus le mur. On lui explique qu’on est perdu et qu’on souhaite aller à Ghandruk, il sourit et montre la route devant nous « no, wrong way! » Puis il se met à nous faire la conversation sans jamais nous montrer le chemin « no worries, Gandruk easy! » Il continue à nous poser des questions et on y répond de bon coeur, mais l’inquiétude nous empêche de profiter du moment. Un gros regret qui nous rattrape 5 minutes trop tard!
Finalement au bout de quelques minutes il nous explique la route à prendre, qui est tout simplement à l’opposé! Mais en arrivant à l’endroit indiqué on tombe sur une barrière qui donne visiblement, sur une propriété privée et un potager, aucun signe de la route ou d’un chemin!
Nous revoilà désemparés. Soudain on remarque une femme qui nous observe de sa maison tout en haut du village, on lui fait signe, elle nous fait signe. On monte la pente raide qui mène chez elle et elle descend nous rejoindre, on est tellement content de la voir! On recommence les explications : d’où on vient et où on souhaite aller … « Ah, Ghandruk, easy, come, come! » elle nous fait signe de la suivre, elle semble contente de nous aider, c’est génial !
Elle nous fait passer par dessus cette fameuse barrière et le petit chemin coupe en effet par le terrain d’autres maisons et de jardins. Tout en bas du village on arrive finalement sur le chemin qui suit sur le flanc de la montagne vers Ghandruk. Elle nous explique qu’il y a un premier petit village et qu’en suite c’est Ghandruk.
On la remercie chaleureusement, tellement contents de l’avoir rencontrée et de savoir maintenant où l’on va. Mais on ne sait pas combien de temps on a perdu ou si on s’est trop éloigné de notre chemin. On se dit qu’on mettra peut-être 3h pour atteindre Gandruk alors qu’on est déjà parti depuis plus de deux heures…
Avec une petite pointe d’inquiétude on marche vite pour essayer de rattraper le temps perdu. En effet, très vite on arrive au premier village et on peut déjà voir Ghandruk juste en face, de l’autre coté de la montagne. Le cœur léger, on reprend notre rythme pépère. Il est encore tôt, on a le temps!
Finalement Ghandruk!
Très joli avec ses petites rues et ses maisons en pierre typiques qui semblent sortir d’un autre temps. Magnifique petit village, mais pas une auberge en vue ! En fait il faut traverser le village et marcher encore un petit quart d’heure avant d’arriver à l’endroit où sont réunies les auberges.
On est arrivé en un peu plus de 3h30, pas mal sachant qu’on s’est perdu et qu’on a pris notre temps la majeure partie du trajet ! On s’installe dans une chambre à 200RN donnant sur une terrasse avec vue sur les montagnes. Après une douche bien chaude (la meilleure de tout le trek) on s’installe à une table au soleil pour déjeuner et passer le restant de l’après-midi à se reposer, lire, admirer le paysage, encore! La belle vie !
Jour 6 – on redescend sur terre
Finalement, notre dernier jour est arrivé, on a hâte de faire les 5h qui nous séparent encore de Naya Pul, le chemin tout en descente sera sans doute beaucoup moins dur que celui des autres jours.
On est debout à 6h30 pour voir le lever du soleil sur les montagnes juste en face de notre chambre. Ce n’est pas aussi impressionnant que la vue sur Poon Hill, mais c’est aussi très sympa ! Petit déj au soleil et hop, c’est parti! Cette fois, pas de forêt à traverser, le chemin et les escaliers en pierre descendent le flanc de la montagne à travers des villages et des plantations en étages.
Descendre c’est toujours plus facile que monter et on pète la forme, mais les genoux commencent très rapidement à ressentir toutes ces marches irrégulières. Alors, au bout de deux heures, quand on atteint finalement la vallée on est bien content d’en avoir fini avec les escaliers !
Pendant le restant du trajet on longe la rivière et la route qui mène vers Birethanti où l’on repasse les points de contrôle et on s’accorde une pause repas avant de parcourir les dernières 20 mn qui nous séparent de Naya Pul.
À Naya Pul on s’octroie le luxe de prendre un taxi pour rentrer à Pokhara, au lieu du bus local comme prévu. Après presque 5h de marche on n’a pas vraiment envie de faire 2h de plus dans un bus bondé.
Dans le taxi on se relaxe, heureux d’avoir vécu cette petite aventure. Le Népal est un pays merveilleux et on y reviendra un jour, c’est sûr! Mais pour le moment on pense déjà à la suite: on passera encore une journée à Pokhara avant de reprendre le bus pour Katmandou et l’avion pour la Thaïlande. Une nouvelle terre nous attend…